PETIT LEXIQUE DU PIRATE
Les marins utilisaient des expressions directement inspirées des
différentes parties du bateau. Les pirates, qui méprisaient ceux qui
ne connaissaient rien à la vie en mer, s'amusaient beaucoup à parler
aux « terriens » en termes incompréhensibles.
Se mettre à son compte
Les boucaniers employaient souvent cette expression pour parler de
leur activité. Il était plus élégant de dire: « je me suis mis à mon
compte », que « je fais le pirate ».
Le supplice de la planche
Ce cruel supplice consistait à faire marcher les prisonniers sur une
planche au-dessus de la mer.
Ils finissaient invariablement par tomber et par se noyer.
On ne sait pas si c'était un rite fréquent, mais on pense que son
origine remonte au 1er siècle avant J.C. Des pirates grecs auraient
capturé des Romains, auraient ensuite feint d'avoir des remords et
demandèrent pardon à leurs victimes. Une fois les prisonniers
convaincus de leur sincérité, les pirates auraient descendu
l'échelle comme pour les libérer, mais les auraient, au lieu de
cela, jetés à l'eau.
Terrien, reste sur le plancher des vaches!
« Terrien » était un terme péjoratif utilisé pour désigner ceux qui
n'étaient jamais partis en mer, ceux qui étaient toujours restés sur
le « plancher des vaches », c'est-à-dire sur la terre ferme.
Davy Jones
C'est le nom donné par les pirates au diable des profondeurs. Au
début du XVIIe siècle, David Jones avait été d'abord second du
capitaine, puis capitaine sur Le Cerf ; un vaisseau royal. Il avait
pris l'habitude de couler systématiquement les bateaux qu'il
capturait. C'est pourquoi on disait d'un navire qui sombrait qu'il
allait chez Davy Jones. Par extension, « aller chez Davy Jones »
voulait aussi dire mourir.
Remuer le plomb
Quand ils naviguaient le long des côtes, les pirates devaient
vérifier le tirant d'eau et connaître la nature du fond, À cet
effet, ils utilisaient une corde lestée avec du plomb et divisée en
unités de longueur. On l'appelait la« sonde » ou plus simplement le
« plomb ». On enduisait le plomb de cire, à laquelle s'accrochaient
des éléments du fond marin, par exemple du sable ou du gravier.
Sonder le fond était considéré comme un travail facile et fatigant.
On disait d'un homme qui laissait travailler les autres qu'il «
remuait le plomb ».
Se calfater
Pour assurer l'étanchéité d'un navire, on calfatait les interstices
entre les planches, c'est-à-dire qu'on les remplissait de vieux
cordages goudronnés. Si un marin s'endormait par temps chaud sur le
pont, il se réveillait avec ses habits rayés par le goudron. C'est
pourquoi on disait « aller se calfater » pour « aller dormir ». À
moins que l'explication ne soit encore plus simple: les lignes de
goudron peuvent évoquer des hommes endormis les uns à côté des
autres.
Bois tremblote!
Lorsqu'un vaisseau heurtait par inadvertance un rocher ou le fond,
sa coque en bois « tremblotait ». Par extension, « bois tremblote !
» devint une expression de peur ou de surprise.
Les longues vestes
Ce terme désignait les habits des « terriens ». Les marins, eux,
devaient porter des pantalons larges et des vestes courtes pour ne
pas être gênés lorsqu’ils grimpaient le long des cordages.
Passer sous la quille
Au départ, c'était un châtiment : on faisait passer quelqu'un sous
la quille du bateau en le tirant sous l'eau d'un bord à l'autre. Par
extension, on disait « je me suis fait passer sous la quille » pour
dire qu'on s'était fait passer un savon.
Le pied marin
Avoir le pied marin veut dire qu'on ne souffre pas du mal de mer.
Pour l'acquérir, il faut rester plusieurs jours, voire plusieurs
semaines, sur un bateau. Les marins revenus sur le continent après
de longs voyages en mer avaient perdu leur « pied terrien » et
étaient facilement repérables à leur démarche chaloupée.
Le boulet noir
« Donner son boulet noir à quelqu'un » voulait dire qu'on le
menaçait de mort. Dans L'Ile au trésor, de Robert Louis Stevenson,
le pirate Blind Pew envoie un billet au capitaine Bill Bones avec un
boulet noir dessiné et cet ultimatum : « Vous avez jusqu'à ce soir,
dix heures. »
La jaune
C'était le nom que donnaient les marins à la fièvre jaune. On disait
aussi « hisser le jaune » en parlant du drapeau jaune qui
avertissait les autres vaisseaux qu'il y avait des malades à bord.
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